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La jeune louve rentrait à la maison après avoir chassé de son côté. Elle aimait ce qu’on lui donnait à manger, mais partir traquer le gibier par elle-même la grisait. Elle fit en sorte d’éviter les chemins pour traverser le quartier, les gens ne criaient plus à son approche, mais elle n’avait pas envie qu’un enfant lui tire encore la queue comme la dernière fois. Traversant prestement des jardins de moins en moins nombreux, elle finit par atteindre un petit bois dans lequel elle entra sans hésitation. Au loin, elle entendit la voix de sa maîtresse, celle qui l’avait sortie de ce trou putride où seule la mort l’attendait. Elle se faufila à travers les fleurs et se tapit sur le sol pour observer ce qu’il se passait.

L’Elfe était encore aux prises avec son grand ami l’étalon, comme souvent après un combat contre les peaux vertes. Ils en étaient au moment où elle tentait toujours d’arroser l’imposant animal sans plus espérer un quelconque succès. Elle se tourna en direction de la maison, le mur lui cachait la vue mais la louve sentait l’odeur familière de celui qui était souvent avec elle.


« Coriolan, je crois que j’ai besoin de toi, j’ai déjà pris un bain tout à l’heure et je n’ai pas très envie de recommencer. »


L’homme s’approcha mais plutôt que d’aider sa compagne à s’occuper du cheval il lui prit le récipient des mains et le déposa au sol. Lossëa réduit la distance qui la séparait des deux jeunes gens en rampant. Elle fut la seule à voir que sa maîtresse avait récupéré le seau tandis que son compagnon lui caressait la joue, et la seule également à ne pas être éclaboussée lorsqu’elle l’aspergea, vidant une bonne partie de l’eau sur lui avant de s’échapper en riant. Il la rattrapa sans peine et se colla à elle pour lui faire partager son humidité. Menelyan broutait tranquillement, nullement inquiet à présent que l’attention de l’Elfe était portée sur autre chose.


« Qui voulais-tu vraiment laver ? Menelyan ou moi ? »


Elle lui répondit par l’un de ses regards espiègles. Coriolan la souleva de terre pour la porter dans ses bras. Il siffla l’étalon pour qu’il les suive et prit la direction de la rivière.


« Mais qu’est-ce que tu comptes faire ? », lui demanda-t-elle.


Il la déposa au pied d’un arbre et l’embrassa sans rien dire. Puis il s’approcha de l’étalon pour lui glisser quelques mots à l’oreille. Ce dernier secoua la tête, il semblant réticent. Coriolan continua à lui parler tout en enlevant ses bottes. Menelyan le regardait faire. L’homme retira son haubert et entra dans la rivière. Le cheval finit par le suivre, après un moment d’hésitation.


Coriolan frotta la robe de l’étalon avec une brosse pour faire disparaître les traces des derniers combats. Menelyan en profitait pour l’éclabousser abondamment. Ils finirent par sortir de l’eau. Le cheval s’ébroua, mouillant encore plus le jeune homme, qui sembla s’en moquer. Il passa une main dans ses cheveux et se dirigea vers Yualë qui avait ramassé bottes et vêtement. Il prit son visage entre ses mains et l’embrassa à nouveau.


« Rentrons avant que je n’attrape la mort », dit-il en souriant.

« Qu’as-tu dit à Menelyan ? »

« Qu’il fallait qu’il soit présentable pour son aimée et leur petit. Pourquoi ? »


Elle lui répondit par un baiser sur la joue et le prit par la main.


À l’intérieur, le feu crépitait dans la cheminée, de nombreux courriers attendaient d’être lus. L’une des enveloppes portait la marque de leur confrérie. Leur capitaine les appelait au combat. Mais cela pouvait bien attendre le lendemain...