Coriolan ne comprenait toujours pas. Il se repassait les événements pour trouver une réponse à ses questions.


Depuis qu'ils s'étaient retrouvés, Coriolan et Yualë filaient le parfait amour. Il s'était habitué à ses envies de solitude, elle qui avait besoin de partir seule, tuer des gobelins ou simplement à l'aventure. Elle laissait toujours un mot, envoyait des courriers quand son absence se prolongeait. Il partait de temps en temps à sa rencontre. Elle l'accueillait avec des rires et de nouvelles chansons.

Quelques mois passèrent. Coriolan recevait régulièrement des missives où Camellya l'informait de l'avancée des préparatifs pour son expédition. C'était personnel, mais voulait-il bien se joindre à eux ? Ses talents et sa connaissance du terrain leur seraient utiles, mais elle pouvait comprendre s'il ne souhaitait pas revenir sur les terres qui l'avaient vu naître et qu'il avait quittées avec peu de regrets. Elle comprenait aussi qu'il souhaite passer du temps avec son aimée. Il avait répondu oui mais pas tout de suite. Il viendrait avec Yualë, de toute façon. Quand serez-vous prêts ?, demandait Camellya. Et Coriolan essayait de gagner du temps pour prolonger ces moments de quiétude et de bonheur.

Puis, il y eut le Forochel. Yualë s'était absentée plus longtemps que de coutume et il avait suivi sa piste pour voir si tout allait bien. Piste qui l'avait mené jusqu'au Forochel glacé. Là, il prévint Camellya. Quelque chose n'allait pas.

Il ne tarda pas à découvrir que les montagnards et sorciers à la solde de Sauron avaient fait prisonniers de nombreuses personnes, dont des étrangers. Il avait suivi quelques groupes d'Angmarims et fut soulagé quand il découvrit où était retenue son aimée. Il apprécia beaucoup moins de voir qui était avec elle.


Arkhel. Rien qu'à évoquer son nom, Coriolan serra machinalement les poings. L'Elfe n'était pas vraiment son rival, mais sa présence était synonyme d'ennuis.


Les Angmarims n'étaient pas très bien organisés. Leur surveillance était extrêmement relâchée et Coriolan n'eut aucun mal à libérer les prisonniers. D'un commun accord, ils se mirent en route pour Sûri-Kylä, là où se réunissaient les tribus lossoth, afin de les alerter de la menace qui pesait sur eux. L'ennemi manigançait quelque chose. En parallèle, ils avaient voulu prévenir Camellya. Mais comment ? Ils furent surpris d'être retrouvés très rapidement par un des oiseaux de Renawen. Cela signifiait que la capitaine et quelques autres n'étaient pas loin. Ils décidèrent donc de les attendre avant de demander une audience, la présence de Camellya étant un atout non négligeable si les tribus refusaient de les voir, pensaient-ils.


Arkhel avait profité du sommeil de Yualë lors d'un bivouac pour parler avec Coriolan. Il était désormais convaincu de l'attachement de l'Humain pour l'Elfe. Il s'en remettait ainsi totalement à lui pour veiller sur elle et la protéger. Mais la protéger de quoi ? Malgré tout, Coriolan se sentait toujours mal à l'aise avec lui.


Arkhel n'était pas son ennemi, et même s'il ne le portait pas le musicien dans son cœur, Coriolan savait qu'il n'était en rien responsable du changement soudain d'attitude de Yualë. A qui la faute alors ? Fallait-il vraiment un coupable ? N'était-il pas lui-même le premier responsable ?