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Le jardin de Dame Galadriel avait été illuminé pour l'occasion, les Elfes l’avaient sublimée par l'ajout de quelques guirlandes savamment placées et chaque invité admirait la beauté des lieux. Mon coeur n'était pas à la fête, la fatigue s'était accumulée depuis ces nombreux mois et j'atteignai mes limites. Arlienon me soutenait tout en me pilotant à travers les invités, ayant toujours une parole charmante à la bouche pour ceux qui nous posaient des questions.
Après un temps qui me parut une éternité, la Dame fit enfin son apparition parmi les siens, elle était plus belle et majestueuse que jamais. Tandis que je la détaillai, elle se tourna vers moi et accrocha mon regard, je cru la voir me faire un imperceptible signe de tête, comme si elle m'indiquait qu'elle avait compris les raisons de ma venue. La foule qui était venue la saluer finit par se dissiper, les Galadhrim retournant à leurs danses après avoir respectueusement remercié leur hôte. J'attendai patiemment que la Dame fut disponible pour parler avec elle, mais c'est elle qui finit par s'éclipser et venir à moi. Avec une grâce que seule elle pouvait avoir, elle passa ses doigts sur mon bras jusqu'à ma main douloureuse.

- J'attendais votre venue Yualë.
- J'aurais aimé vous voir bien avant, Dame Galadriel.
- Nous parlerons plus tard.

Elle appela d'un geste un Elfe qui portait plusieurs boissons, en prit une pour elle et m'en tendit une autre. J'acceptai en m'inclinant et la regardai partir. Arlienon, qui s'était écarté lors de la venue de la Dame, revint vers moi en m'apportant une assiette remplie de petites choses à grignoter.
Je mangeai sans fin, bu sans envie et dansai sans coeur, réfléchissant à mon entretien futur avec la Dame. Mon ami faisait de son mieux pour me détendre et plus que jamais j'appréciais sa présence. Je finis par l'obliger à m'abandonner en prétextant la fatigue et passai le reste du temps à le regarder danser avec plusieurs jeunes filles.
La population finit par se clairsemer, la Dame fit un léger signe à mon adresse et je me levai aussitôt pour la rejoindre. Je restai à distance respectueuse en la regardant descendre les escaliers de la partie du jardin où nul ne pouvait entrer sans y être invité puis la rejoignis auprès d'une cruche et d'un bassin. Elle me regarda un instant avant de prendre la parole.

- Vos parents auraient dû vous faire venir ici il y a bien longtemps. Lorsque vous êtes arrivée ici pour vous joindre à nous, j'ai compris que vous ne saviez à propos de la malédiction qui pesait déjà sur vous. J'ai préféré attendre, je savais que vos pas vous mèneraient à moi, lorsque le moment serait propice.

Alors que j'avais préparé mon discours depuis plusieurs jours, je me retrouvai complètement muette face à elle.

- Je ressens votre inquiétude. N'ayez pas peur, j'avais conservé pour vous le nécessaire pour que votre santé s'améliore.
- Je n'en veux pas.

Elle ne sembla pas surprise.

- Est-ce donc le prix à payer qui vous inquiète ?
- Je le trouve bien lourd. Je ne veux pas oublier à nouveau quelqu'un qui m'est cher.
- Vous n'avez pas d'autre choix. La magie nécessite un équilibre, ce qui vous est offert demande un sacrifice. Toute chose en ce monde a ses contraintes, user d’un tel sortilège oblige à laisser derrière soit un présent d’une valeur équivalente.
- J'accepterai d'abandonner tout ce que je sais, même mes aptitudes en tant que gardienne si nécessaire.
- Cela resterait moins important que la personne vers qui vont vos sentiments.

Elle s'approcha d'une cruche et la prit entre ses mains.

- Voulez-vous que je vous explique ce qu'il va se passer ?

Je ne répondis pas, elle versa de l'eau dans le bassin et fit glisser son doigt à la surface de l'eau.

- La médication n'est que secondaire, elle permet de vous endormir et de vous préserver le temps de votre absence.
- Je n'ai pas l'intention de partir.
- Votre esprit va vagabonder, chassé de votre corps au même titre que le mal qui vous ronge. Lorsque vous serez prête, vous reviendrez à vous.
- Je ne souhaite pas vous laisser pratiquer votre magie. Pas de cette façon.

Elle croisa mon regard et sourit.

- Je ne vous laisse pas le choix Yualë.

J'allais répondre, mais je ne me sentais pas bien, mes jambes n'avaient plus de force et j'avais du mal à me tenir debout. Je me souvins qu'elle m'avait donné un verre, était-il possible qu'elle m'ait donné sa drogue à ce moment là ? Je désirai lui parler et lui demander, mais j'en étais incapable. Lentement, je me sentis sombrer dans l'inconscience.