29 juillet XXX5
La rencontre avec Erelyd s'est déroulée il
y a déjà deux jours, je n'aurais pas cru qu'il conservait avec lui une
grande partie de ce qu'on m'avait caché.
Lorsqu'il m'a vue, il m'a sourit et m'a demandé de m'asseoir, il a sorti de son sac un paquet épais et bien protégé.
"Ton
père savait que tu finirais par venir me voir, il m'a confié ceci il y a
tellement longtemps que je pensais qu'il se trompait. Mais qui suis-je
pour juger les autres, autrefois, j'étais persuadé que tu ne survivrais
pas, et pourtant tu es resplendissante."
Après ça, il nous a
laissé et nous sommes retournés dans la chambre que nous avions louée
pour l'occasion. Nous avons déposé le lourd paquet sur l'étude qui avait
été mise à notre disposition. J'ai ressenti une certaine appréhension
en l'ouvrant, j'étais inquiète à l'idée que mes espoirs puissent être
déçus. A l'intérieur nous avons trouvé des feuillets en partie déchirés,
certains portaient des traces de brûlures comme si on les avait retirés
d'un feu censé les détruire. A ceci étaient joint deux carnets et une
lettre à mon Nom. Fébrilement, je m'en suis emparée et je l'ai
décachetée.
"13 octobre XXX7
Ma très chère fille,
Je n'ai
pas de mot pour exprimer l'amour que j'ai pour toi et le manque que je
ressens lorsque tu es loin de nous. Ta mère se meurt doucement et je
perçois chaque jour l'appel plus pressant des Valars. Avant notre départ
je souhaite t'offrir ces derniers mots ainsi que les carnets manquant à
ceux que tu as dû récupérer.
Cela fait un moment déjà que tu nous
interroges sur ce qu'Arkhel te dit et sur ce que tu penses avoir oublié.
Le mutisme de ta mère et mon affection pour elles m'ont toujours poussé
à ne rien t'expliquer mais plus rien ne me retient de te l'écrire à
présent.
Yualë, lorsque tu étais enfant, tu as subit autant que les
arbres la malédiction de la Forêt. Tu n'en serais pas morte, mais tu
aurais finit par rejoindre les rangs des orcs qui attaquent sans cesse
les villes des Terres du Milieu. Dame Galadriel nous a donné le remède à
ton mal, mais il n'était pas possible de t'en faire prendre une dose
suffisante pour te guérir à jamais. Sache donc que ton temps est compté,
tu dois te rendre auprès de Dame Galadriel pour lui demander le même
traitement que nous n’avons pu te faire prendre en entier lors de ton
enfance.
Ma chère fille, n'oublie pas que les victoires lors de
grandes batailles ne t'apporteront qu'une joie éphémère, seul un foyer
où tu pourras retourner pour y voir grandir ceux qui te sont cher
t'ouvrira la porte du bonheur.
Artuilë Tavaril"
Pendant que je relisais encore et encore les derniers mots que
mon père m'avait adressés huit ans auparavant, Arlienon se chargeait de
trier les feuillets. Mon aide était presque inutile tant il faisait
preuve d'efficacité, aussi une fois que j'eus terminé mes multiples
lectures, j'entamai le tri des informations contenues dans les deux
carnets, ceux que mon père avait écrit durant ma maladie et ma
convalescence.
En complément des informations qu'il m'avait déjà
résumé dans sa lettre, j'y trouvai à plusieurs reprises des excuses
faites à Arkhel et à moi. Rapidement, j'arrêtai ma lecture, le
pressentiment que certains passages m'inspiraient me rendant réfractaire
à l'idée d'en apprendre plus.